Yannick
Ma relation, ma complicité, ma dépendance avec l’alcool…
C’est en 1948 que je naissais dans cette belle contrée nommée « Plouay », marié depuis 1972 et père de 2 enfants. Je suis également le grand-père de 2 adorables petites filles qui vivent à Toulon avec ma fille. Mon fils bouge beaucoup grâce à son métier d’infirmier dans la Marine et lui aussi s’est expatrié dans le Sud, chez les mythiques Marins Pompiers de Marseille…
Si j’écris ces quelques lignes, c’est pour vous parler de ce problème, ce fléau, ce tabou, cette maladie que l’on se refuse à admettre et qui déchire tant de familles : l’alcool !
J’ai commencé à « goûter » à l’alcool vers mes 15 – 16 ans, lors de mes débuts dans le milieu associatif. Cet « alcool découverte » était juste pour faire comme les copains, parce que l’on est jeune et que c’est un passage presque obligé pour être des leurs. Au début, je ne buvais pas beaucoup, c’est vrai, mais c’était déjà devenu une routine. Je ne m’alcoolisais pas tous les jours mais j’étais déjà plongé à l’époque dans l’« alcool festif », vous savez, celui que l’on côtoie lors d’une réunion, d’un anniversaire, d’une fête….bref, tout prétexte pour faire de l’événement une beuverie ! Là où le bas blesse, c’est que c’est surtout lors des rencontres de sports collectifs que la consommation était vraiment la pire. Qui n’a pas connu ou participé à la « troisième mi-temps » ? Eh oui, celle qui dure plus longtemps que le match lui-même mais qui rassemble les adversaires pour en faire des amis de bouteille. Bien entendu, on ne pouvait pas s’arrêter de boire comme ça : il fallait toujours finir les bouteilles voyons.
Tout a vraiment basculé en 1985. A cette date, j’ai changé d’entreprise et alors pris la responsabilité de Chef d’atelier. J’avais énormément de pression et pour pouvoir tenir tête à mon patron, je m’alcoolisais dès le matin et pouvais ainsi mieux faire face à tout ça. Mais cette évolution dans l’ « alcool professionnel » n’est pas sans conséquences...
…Heureusement, à la maison, je n’étais pas agressif avec ma femme et mes enfants mais après coup, je me rends compte leur avoir pourri la vie. A tel point que même mon fils restait exprès devant la télévision avec moi pour me surveiller. Ça, ma fille me l’a aussi souvent reproché.
C’est alors qu’un événement imprévu est arrivé en mai 2003. En effet, un jour, mon patron de l’époque a débarqué à l’improviste chez nous alors que j’étais parti du travail ce jour là à 10h, prétextant d’aller en consultation chez mon médecin. Mais en fait, j’étais défoncé et complètement alcoolisé. Là, il m’a dit, et je le cite : « soit tu te soignes, soit je te vire !!! » et contre toute attente, je recevais cette même semaine une lettre de ma fille très directe et menaçante, qui m’a alors fait enfin prendre conscience…
C’est allé ensuite très vite puisque je suis entré en hospitalisation dans le service d’alcoologie de Calmette en juin de cette année 2003 pour y poursuivre une cure de désintoxication alcoolique…de mon plein gré. 3 semaines plus tard, je découvrais « Espoir Amitié ». Je suis entré dans la permanence du jour et j’ai entendu cette voix si unique qui disait : « tiens, voilà une tête que je connais ! », c’était Guy. Voilà maintenant 7 ans que je suis abstinent et bien décidé à le rester car la vie est tellement belle sans alcool et avec tous mes amis d’Espoir Amitié.
Ce monstre qu’est l’alcool sommeille toujours en chacun de nous et c’est tous les jours qu’il faut lutter pour ne pas réveiller cette bête, ne l’oubliez jamais……
Yannick