Rafaël
Ouest-France du 18/01/ 2019
A Hennebont, Rafaël, 35 ans, gagne son combat contre l’alcool
Rafaël (*) travaillait dans la restauration. Il est actuellement sans emploi. Piégé par l’alcool, il a connu la dégringolade. Aujourd’hui, malgré des rechutes, il ne boit plus. Et témoigne.
Ancien alcoolique, Rafaël (*), 35 ans, témoigne de sa descente aux enfers. Et de son envie de s’en sortir.
Comment la maladie alcoolique est-elle survenue ?
Rafaël (*) : C’était il y a quatre ans. Au début, c’était festif. Mais ça s’est aggravé et c’est devenu davantage que
festif… Et puis, ma compagne est partie et ça a été la dégringolade totale. Je buvais sept à huit bières par jour, mais pas des petites : des 50 centilitres.
Comment vous êtes-vous repris ?
En 2017, je suis allé en soins au centre de post-cure du Phare, à Lorient. Là-bas, on nous présente des associations susceptibles de nous aider. Et j’ai rencontré Didier Le Rezollier et Gilles Le Dimiet, de l’association Espoir-Amitié (lire ci-contre). Le courant est passé et j’ai rejoint leur association. Depuis, il y a eu des périodes de bien et de moins bien. Oui, j’ai fait des rechutes, la dépression et la solitude reprenant le dessus. Mais j’ai eu le bon réflexe de les appeler. Ils sont venus me voir et m’ont beaucoup aidé.
Et maintenant ?
Je vais aux réunions d’Espoir-Amitié. J’y retrouve des gens qui ont vécu la même chose. Auprès d’eux, pas de jugement, mais un esprit de camaraderie, une ambiance familiale. J’ai l’espoir de reprendre une vie normale. C’est bien engagé, y compris dans ma vie professionnelle. Je fais du sport, de la course à pied, et j’ai recommencé le théâtre d’improvisation. J’ai la chance d’avoir une famille qui me soutient énormément. Ainsi que mon meilleur ami, qui m’a compris et ne m’a pas lâché.
Maintenant, je peux faire la fête, mais sans alcool, comme ce fut le cas au premier de l’an. Ceci dit, ce n’est pas parce que tout va bien que je vais arrêter d’aller voir les gars d’Espoir-Amitié.
(*) Rafaël est un prénom d’emprunt.
Implantée à Hennebont en 2013, l’antenne d’Espoir-Amitié compte 54 adhérents, répartis dans les communes avoisinantes.
Composée d’anciens malades alcooliques, de conjoints, d’abstinents volontaires, l’association accompagne les malades et mène une action de prévention.
Didier Le Rezollier, son président, fait le point : « En 2018, il n’y a jamais eu autant d’appels téléphoniques. Il semble que la maladie se stabilise dans le secteur, mais ce sont les jeunes qui m’inquiètent, car la pratique
répandue du Binge drinking(s’alcooliser le plus rapidement possible, NDLR) peut évoluer vers la dépendance. »
« Le malade ne se sentira plus seul »
Pour lui, « le soutien d’une association est très important pour le malade alcoolique qui désire s’arrêter de boire. Le malade doit savoir qu’il ne sera pas jugé, car nous avons tous souffert de l’alcool. Nous nous en sommes sortis et sommes là pour le dire et le prouver. »
Rejoindre l’association, c’est aussi découvrir, au fur et à mesure des réunions, que l’ensemble des membres ont connu les mêmes difficultés et échecs. « Il ne se sentira plus seul, ni unique. Nous apportons aussi une aide morale à la famille, pour l’aider à comprendre la maladie. »
Des soirées et journées de détente sont organisées pour montrer que l’on peut s’amuser sans alcool. « En cas d’angoisse, d’envie panique de boire, le malade aura à sa disposition les numéros de téléphone des membres du bureau, qui sauront exactement quoi lui dire pour l’apaiser. »
Chaque vendredi, à 18 h (sauf le 3e vendredi où a lieu une soirée à thèmes), réunion. Assemblée générale, ce vendredi 18 janvier, à 20 h 30, à la maison de quartier de Saint-Gilles. Tél. 06 88 48 40 27. Site internet : espoiramitiehennebont.e-monsite.com